Je veux saluer le vote des parlementaires européens qui ont rejeté, la semaine dernière, le projet de budget qui leur avait été soumis par le Conseil européen.
Le projet de budget était, pour la première fois de la jeune histoire de l’UE, en diminution suite aux pressions et chantages exercés par les thuriféraires de l’austérité. Or, le Parlement a jugé, à raison, que la crise que nous traversons appelle d’autres réponses que la seule diminution de la dépense publique et que la démocratie européenne ne pouvait se résumer aux accords de coins de table entre gouvernements.
On ne peut, sans cesse, en appeler à plus d’Europe, et demander au parlement de s’incliner devant un projet qui vise à réduire les interventions de l’UE pour les peuples d’Europe. La séparation des pouvoirs est un principe consubstantiel de la démocratie qui justifie pleinement la rébellion du Parlement devant un tel projet.
Ainsi, les parlementaires ont-ils rejeté le projet de budget et demandé, dans leur résolution, que le cadrage budgétaire pluriannuel (2014 – 2020) permette davantage de flexibilité (fongibilité des inscriptions budgétaires), la possibilité de révisions régulières du budget (volume global et ventilation des enveloppes), ainsi que l’augmentation des ressources propres de l’UE (taxe européenne sur les transactions financières, taxe sur les transports aériens …) de façon à limiter la dépendance de l’institution aux dotations des Etats membres.
Pour ma part, j’ai la conviction que la crise que nous traversons appelle la montée en puissance de l’échelle continentale. La régulation tant proclamée de la mondialisation économique et financière ne saurait être effective sans que les échelles continentales viennent opposer la loi des peuples aux puissances des multinationales. Aussi, j’approuve tant la méthode que le fond de la résolution votée au parlement européen.
La méthode parce que la démocratie se gagne, elle n’est jamais donnée. Il faut des ruptures, des révoltes même, pour que la souveraineté s’exerce. Au-delà du cadre institutionnel, il faut du courage aux parlementaires pour se libérer de la pression des gouvernements auxquels ils sont bien souvent liés. Ce sursaut fait 10 fois plus pour l’Europe fédérale qu’aucune des belles intentions exprimées jusqu’alors …
Le contenu parce que la situation exige autant de solidarité en direction des pays et régions les plus gravement touchées par la crise, que de grands projets stratégiques européens. Il n’est plus concevable que nous puissions assister simultanément à l’augmentation de la pauvreté partout sur le continent européen, en même temps que la diminution des enveloppes consacrées au programme d’aide aux plus démunis (resto du cœur, secours populaire …). De même, les velléités d’ « une économie européenne de la connaissance » se heurtent à l’absence de moyens dédiés pour y parvenir. Aussi faut-il que l’Union Européenne ait les moyens d’une politique ambitieuse : un budget solide et des ressources propres, un parlement fort qui fasse respecter l’intérêt général des européens.