Au lendemain des résultats du premier tour, des sentiments contradictoires nous ont envahis entre le soulagement que le FN ne soit pas placé en première position et l’inquiétude devant la croissance, une nouvelle fois confirmée, de son audience.
Le nouveau Président – celui que j’appelle désormais de mes vœux – et son Gouvernement devront, sauf à risquer qu’un jour nos angoisses se concrétisent, s’attaquer en priorité et résolument aux racines des mauvaises herbes qui envahissent progressivement notre paysage politique : le chômage, le sentiment du déclassement, la pauvreté, le déterminisme social et tout leur cortège de frustrations, de violences, de révoltes…
Pour l’heure, l’urgence est de sauver les valeurs de la République et de la Démocratie. Pas plus que 76 % des Français, je n’épouse l’intégralité des propositions d’Emmanuel Macron mais, comme la grande majorité, je partage avec lui l’attachement à nos libertés, le respect de nos institutions et des Droits de l’Homme, le souci de la construction européenne pour la préservation de la paix et le développement, la conscience que la France ne peut être une oasis isolée du reste du Monde et fermée à lui.
La victoire des grands principes républicains se dessine favorablement, cependant, comme toujours en pareil cas, elle n’est pas acquise. Les primaires ont montré combien, en l’espace de quelques jours, les résultats pouvaient être bousculés. La vigilance s’impose donc, la mobilisation nous appelle. La campagne sera dure et les réseaux sociaux seront parsemés de « fakes news ». Ne lit-on pas qu’après avoir gangrené les élections américaines, des interventions venues de Russie viennent déjà s’immiscer dans notre libre arbitre ?
Il importe également que le score réalisé par le FN soit le plus faible possible pour ne pas encore ajouter de l’audience à un parti qui ne manquerait pas de revendiquer, demain, une place prépondérante dans l’opposition.
Je comprends les états d’âme, les réticences de ceux qui ne retrouvent pas dans le programme d’Emmanuel Macron les préoccupations qui sont les leurs. Je comprends – et je redoute – les tentations de ne pas choisir. Pourtant, au-delà de la diversité légitime et nécessaire de nos approches philosophiques, la grande question qui nous est posée, qui transcende toutes les autres et à laquelle nous devons répondre c’est bien : sommes-nous prêts à défendre notre grande idée de la démocratie, de la République, de la France patrie des Droits de l’Homme ?
C’est le 7 mai que s’écrit notre avenir. C’est le 7 mai que nous écrirons notre avenir.