De nouveaux rythmes scolaires, dans l’intérêt des enfants
Dans un contexte où sa mise en œuvre s’accélère – et j’entends bien ici et là les inquiétudes des uns et des autres – il me semble d’abord indispensable de rappeler que la réforme des rythmes scolaires répond à des impératifs salutaires :
– Mieux se conformer aux rythmes biologiques de l’enfant, aux périodes de concentration possible, et introduire dans la journée des moments de libération des tensions et de l’énergie ;
– Raccourcir la journée pour tous, dans un contexte européen au sein duquel la France est le pays qui offre le moins de jours d’apprentissage à ces enfants, mais avec les journées les plus lourdes ! Comment peut-on imposer à des « gamins » de 7 ans près de 6 heures consécutives d’attention ? ;
– Réduire les inégalités ! Etaler la semaine sur une demi-journée ne changera rien à la scolarité des enfants de cadres ; En revanche, les enfants issus des milieux les plus pauvres ont tout à y gagner ;
– Engager les municipalités dans une compétence nouvelle, celle de l’éducation à l’écart de laquelle elles étaient soigneusement tenues jusqu’à présent. L’élaboration d’un projet éducatif territorial pour les heures libérées, c’est un bel horizon qui se dégage pour tous les enfants des communes et les élus.
Des interrogations légitimes mais qui ne doivent pas empêcher d’agir
D’une manière générale, l’ensemble des acteurs – maires, enseignants, acteurs éducatifs – salue la philosophie de la réforme. Mais devant les difficultés qui se dressent pour sa mise en œuvre, les angoisses qu’elle génère, chacun s’interroge pour la différer ou ne pas faire :
« Ce n’est pas la priorité » – peut-être ! Mais est-ce une raison pour ne pas faire, au risque que ce ne soit jamais une priorité ?
« Ça va générer des charges supplémentaires pour les enseignants » – c’est vrai et il conviendrait de les prendre en compte tout en gardant à l’esprit qu’une réforme pour l’école doit d’abord préférer l’intérêt des enfants à la tranquillité des adultes
« Nous ne sommes pas prêts, il faut attendre » – oui, mais la construction de l’enfant peut-elle attendre ?
« Cette réforme va accroitre les inégalités territoriales ! » – un argument que nous ne pouvons ignorer, quand il ne vient pas de ceux qui voudraient s’attirer les bonnes grâces d’un électorat à séduire ! Car en réalité, actuellement, les inégalités existent. Elles sont fortes et intolérables. En ne faisant rien pour les atténuer, elles continueront de s’accentuer entre les communes qui s’investissent et celles qui renoncent ou n’osent pas.
A propos des inégalités territoriales justement
Les inégalités territoriales ne sont pas nées avec la réforme actuelle des rythmes scolaires. Le différentiel d’investissement des communes dans l’école s’est toujours inscrit dans une fourchette de 1 à 10, selon les calculs réguliers du SNU-ipp. Alors pourquoi ne pas envisager que la réforme, impliquant les municipalités et les acteurs péri-scolaires, puisse davantage participer de la réduction des inégalités territoriales que de leur accentuation ? C’est bien l’un des objectifs de la réforme !
En effet, en impliquant tous les acteurs locaux d’un territoire autour de la question de l’éducation, la réforme des rythmes scolaires devient un véritable projet local. C’est la première fois dans l’histoire que l’école est envisagée de cette manière : comme structurant un territoire, et étant caractérisée par celui-ci. L’école devient non seulement un lieu d’apprentissage, mais aussi un lieu de vie, d’essais, de découvertes et d’épanouissement au sein d’un bassin de vie qui a des atouts historiques, culturels et sportifs propres.
C’est la raison pour laquelle les maires n’ont jamais boycotté la réforme des rythmes scolaires. Sur le fond, ils connaissent ses vertus et l’ambition à laquelle elle répond. Pour autant, ils expriment à juste titre leur crainte : dans chaque commune, c’est tout une nouvelle organisation qui reste à inventer.
Réfléchir, avec les maires ruraux, aux moyens de mettre en œuvre la réforme
C’est pourquoi, en Ille-et-Vilaine, je souhaite réunir les maires ruraux, l’inspection d’académie, la direction départementale de la cohésion sociale, la caisse d’allocations familiales et les élus et services du Conseil général.
L’objectif de ce groupe de travail sera d’identifier les obstacles que les communes rurales rencontrent dans le cadre de la mise en œuvre de la réforme, afin de pouvoir y trouver des solutions à co-construire entre acteurs, le Département pouvant être un facilitateur. La première réunion se tiendra très prochainement.
Premier partenaire des communes, le Conseil général a à cœur d’assurer un équilibre du territoire entre ce qui lie le monde urbain au monde rural, interdépendants, en respectant les moyens et en s’adaptant aux approches propres à chacun. Il ne faillira pas à cette volonté là, dans un contexte de mise en œuvre d’une réforme capitale pour l’intérêt premier de nos enfants.