Je suis inquiet devant la montée des mécontentements et de la radicalisation du rejet de la politique du Gouvernement et des hommes et des femmes qui la conduisent. Bien sûr, il y a les manifestations des gilets jaunes dont le nombre de participants tend à se réduire, érosion normale devant la difficulté de se mobiliser tous les jours. Il y a les flambées de violence, les exactions qui pour être le fait d’une minorité de casseurs toujours prêts à en découdre, n’en est pas moins intolérable.
Et pourtant, malgré les désagréments que ces mouvements leur infligent, les Français sont de plus en plus nombreux à les approuver et à rejeter sans nuances la politique de ce Gouvernement et du Président de la République. J’entends les exécrations, la vindicte de tous ceux qui, il y a à peine un an, se réjouissaient d’avoir un jeune Président, volontaire, entreprenant, moderne qui, à n’en pas douter, allait inventer un monde nouveau dans lequel il ferait bien meilleur vivre. Tous, nous avions été heureusement surpris par sa capacité à convaincre voire à entraîner les grands de ce Monde vers des perspectives plus prometteuses.
Et puis, après la période de l’apparence, des grands discours, de l’illusion, des promesses qui ne coûtent rien à émettre, sont venus les nécessités de passer à l’action.
Et la déception est à la hauteur des espoirs engendrés. Devant la difficulté, le ton s’est durci, le monologue imposait une vérité unique, l’arrogance a pris le pas sur le sourire et l’optimisme affichés. On a beaucoup gaspillé, beaucoup promis, beaucoup frappé les plus vulnérables – un véritable harcèlement – beaucoup favorisé les plus riches…. beaucoup trop pour ne pas faire ressentir la frustration à ceux qui regardent les fortunes les plus folles se renforcer sans cesse pendant que leur situation se dégrade. Les grands discours grandiloquents ne passent plus. Le pouvoir est devenu inaudible.
Le Président de la République, s’il n’était autant aveuglé par la certitude de pouvoir toujours tout régler grâce à ses aptitudes exceptionnelles, aurait pu prendre des engagements, des décisions concrètes sur le report des augmentations de taxes prévues pour janvier. il aurait pu rassurer les salariés en conduisant, avec eux, une réflexion sur les conséquences fâcheuses des ordonnances travail. Il aurait pu renouer avec les syndicats, les parlementaires pour construire , en collaboration confiante, un plan de lutte ambitieux contre la pauvreté plutôt que d’allouer les pauvres crédits qui y seront consacrés en 2019…
Alors je suis inquiet devant une telle désinvolture quand monte une immense vague de révolte. Nous sommes, me semble-t-il, au bord de l’explosion sociale. Et si elle se produisait les conséquences en seraient désastreuses.
Il suffira d’une – ou deux, ou trois – nouvelles provocations pour que l’incendie se déclare.
Il est temps que le Président de la République prenne enfin la mesure de la menace.