A l’heure où les communes expriment leur volonté ou non de mettre en œuvre la réforme des rythmes scolaires dès la rentrée prochaine, il ne m’est pas possible de passer sous silence la petite révolution qui se profile là. Oui, c’est une petite révolution, car elle implique que dans chaque municipalité se construise un projet et donc un consensus engageant un grand nombre d’acteurs porteurs de cultures et d’identités professionnelles différentes : éducation nationale, communes, conseils généraux pour les transports scolaires, associations, établissements publics chargés d’infrastructures…
Elle permet que chacun se saisisse de l’éducation autour d’un vrai projet territorial. Surtout, elle fait primer les intérêts des enfants, et ne doit pas, me semble-t-il, être différée, parce qu’elle perturberait les habitudes des adultes, leur imposerait de nouvelles contraintes ou supposerait des modifications organisationnelles. Cette réforme porte la priorité sur l’école élémentaire. Car les problèmes majeurs de notre système éducatif se situent bien en amont du collège, sur lequel on se focalisait par le passé. Il est indispensable d’optimiser le temps de classe des élèves du primaire pour qu’ils puissent se nourrir des savoirs et des compétences fondamentales pour leur épanouissement et leur insertion, mais aussi pour le bien-vivre ensemble et la compétitivité de notre pays. En Ille-et-Vilaine, même si la grande majorité des communes rurales a décidé de repousser l’application des nouveaux rythmes scolaires pour se laisser le temps de leur mise en œuvre, d’aucune ne remet en question sa pertinence et sa nécessité. C’est une belle promesse.
Au Conseil général d’Ille-et-Vilaine, nous prendrons la pleine responsabilité du transport scolaire et les coûts engendrés par la réforme. Cela représente environ 600 000 euros supplémentaires par an, dont la moitié pour la prise en charge du transport des élèves handicapés.
Parce que nous avons toujours considération que l’éducation est un pari sur l’avenir, nous n’avons jamais sacrifié nos priorités en la matière sur l’autel de la crise.
Ainsi investissons-nous chaque année massivement pour les collèges. Près de 20 millions en 2013, année qui verra notamment le démarrage des travaux pour la construction du nouveau collège de Crevin. Ce nouvel établissement permettra notamment de décongestionner les établissements voisins dont principalement celui de Bain de Bretagne.
Car outre les aspects matériels, s’il est un chantier prioritaire pour le Département d’Ille-et-Vilaine, c’est bien celui de la sectorisation. Avec la forte croissance démographique (nous avons passé le cap du million d’habitants), conjuguée au pic de naissances des années 2000 et aux migrations de populations, certains secteurs, essentiellement périurbains et concentrés sur l’ouest et le sud du Département, sont en forte croissance et les collèges connaissent des sureffectifs. Le Département doit agir sur le long terme alors même que les prévisions d’effectifs sont par essence très aléatoires. Dans ce contexte très mouvant, le Conseil général a entamé une large concertation, secteur par secteur, pour trouver des solutions qui soulagent les établissements surchargés : resectorisation de communes, classes mobiles qualitatives, extensions d’établissements (Tinténiac, Dinard, Noyal, Rennes Le Landry) et restructurations (Janzé, Vitré, Rennes Les Gayeulles).
Autre ambition du Département : inciter les collégiens à « mieux manger » et favoriser l’emploi local et les achats collectifs de proximité. Plusieurs expérimentations seront menées en 2013. C’est l’occasion pour moi de rappeler que la pause du déjeuner est un moment important, qui doit être aussi pour chaque élève un moment de plaisir. En tout état de cause, il ne doit pas être perçu comme rebutant, ni par l’enfant, ni par les parents, notamment les plus vulnérables, qui n’arriveraient pas à payer le prix de la restauration. Ainsi, bien conscient des répercussions de la crise et que de nombreuses familles vivent dans la précarité, le Département d’Ille-et-Vilaine a-t-il décidé d’allouer une aide forfaitaire de 50 euros à la restauration pour les familles des élèves demi-pensionnaires qui paient le repas + de 2,80 euros (moyenne départementale des collèges publics).
En ce temps de crise qui dure, nous avons la conviction, plus que jamais, que l’égalité des chances doit structurer nos politiques, pour offrir à chacun les moyens et les opportunités d’exprimer ses talents.
Ainsi, au-delà même de nos compétences strictement obligatoires concernant les collèges, nos poursuivrons les politiques éducatives volontaristes que nous mettons en œuvre depuis plusieurs années maintenant :
- L’internat de respiration, pour prévenir les difficultés éducatives et tenter de les stopper dès que les premiers signes apparaissent, que les relations familiales sont tendues et que l’enfant a du mal à se mobiliser pour son avenir ;
- Vivre son collège autrement, qui permet à des jeunes de vivre des expériences enrichissantes et diversifiées dans un autre collège que le leur sur le temps des petites vacances scolaires ;
- L’Orientibus, plateforme itinérante qui informe les élèves et les enseignants cette année sur les métiers verts liés au développement durable, et qui se déplace partout dans le département à la demande des collèges. L’Orientibus est jusqu’à ce soir dans les murs du collège de Combourg, et il sera dès lundi dans les murs du collège de Dinard.