Monsieur le Ministre,
La Bretagne se trouve aujourd’hui dans une situation dramatiquement inédite. Epargnée grâce à son dynamisme économique pendant plusieurs années, elle subit aujourd’hui d’autant plus les effets d’une crise économique qui a pris naissance dans les méandres de la spéculation financière. Des « apprentis sorciers », il reste aujourd’hui un désastre économique dont nos concitoyens les plus vulnérables font aujourd’hui les frais. Pourtant, les élus locaux se battent au quotidien pour trouver des solutions, pour accompagner les salariés et les entreprises dans ce combat. Nos moyens sont malheureusement limités mais les liens que nous avons réussi à tisser tout au long de ces années avec les acteurs économiques locaux nous permettent d’être à leur écoute et de travailler de concert. Ce lien, il est de notre devoir de le conserver.
Depuis plus d’un an, la liste des entreprises qui licencient s’allonge : Gad, Doux, Marine Harvest …etc. L’agroalimentaire est particulièrement touché. Mais pas seulement. En Ille-et-Vilaine, d’autres grandes entreprises le sont aussi ou en passe de l’être. Dans ce contexte et face à ce besoin urgent de soutenir nos entreprises confrontées à une concurrence internationale accrue et quelques fois déloyale, le projet d’Ecotaxe que propose le Gouvernement ne ferait qu’empirer une situation déjà bien fragilisée. Le résultat escompté serait d’ailleurs pire que celui attendu : moins d’activité, plus de licenciements et au final un appauvrissement global pour notre pays.
Compte tenu du contexte économique et, je le sais, de votre détermination à soutenir nos entreprises tout en promouvant un développement durable, il est urgent que vous teniez compte des spécificités géographiques (sa « périphéricité ») et industrielles de la Bretagne et donc de l’Ille-et-Vilaine.
Les mesures prises par le Gouvernement dans le cadre du Pacte d’Avenir Breton (comme le déblocage de 15 millions d’euros pour aider les entreprises agroalimentaires ou encore la reprise par la communauté de communes de Landivisiau (Finistère) du site de l’abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau) sont d’ailleurs la démonstration de son intérêt pour l’économie bretonne et de sa volonté de l’accompagner vers le dynamisme et la vitalité. Le Conseil Général est en outre prêt à prendre toutes les mesures nécessaires dans la limite de ses moyens et en lien avec les autres collectivités dans l’effort consenti. Elles viendront ainsi en complémentarité de ce que nous faisons déjà.
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Pour toutes ces raisons et comme le souhaite la majorité des élus régionaux, je vous demande à mon tour de mettre en place dès aujourd’hui un moratoire sur l’application de cette nouvelle taxe. Il conviendrait d’ailleurs d’attendre les résultats des études de l’observatoire de l’écotaxe en Bretagne qui doit regarder de près l’impact qu’elle aura sur notre économie avant de prendre toute décision qui pourrait être préjudiciable.
En vous remerciant de l’intérêt que vous voudrez bien porter à ce courrier, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’assurance de mes sentiments respectueux.