Nous sommes tous des ruraux. Pour la plupart issus de familles des champs, certains d’entre-nous cultivent encore la terre et tous nous sommes consommateurs de ses produits. Certains y habitent et travaillent en ville, d’autres s’y promènent le week-end ou en vacances.
Incontestablement, le lien que nous avons avec le territoire s’est-il transformé au cours du dernier siècle. Des sociologues comme Jean Viard ont très bien démontré combien nos sociétés contemporaines avaient réduit les distances, au gré des progrès techniques de la communication comme de la réduction du temps travaillé au cours de nos existences humaines. L’homme du début du 20ième siècle travaillait l’essentiel de son existence, de son plus jeune âge jusqu’au terme de sa courte vie, et il n’était pas rare, lorsqu’il vivait à la campagne, qu’il ne se fût jamais éloigné de son village natal. Aujourd’hui, nos existences ont dilué ces frontières au bénéfice d’existences mixtes : nous travaillons une minorité de notre temps disponible et habitons simultanément divers territoires, urbains et ruraux, au point qu’aucun n’est plus ni tout l’un, ni tout l’autre. La décentralisation et les migrations démographiques qui l’accompagnent sont également une manifestation de ces bouleversements anthropologiques.
Toutefois, nous aurions tort de croire qu’une quelconque main invisible puisse aménager harmonieusement le territoire au bénéfice de l’intérêt général. De la même façon que la réduction du temps de travail (35 heures, congés payés, retraites …) a été le fait de décisions politiques, la décentralisation et l’autonomie donnée aux territoires est-elle le produit de réformes volontaristes. Et, alors que la droite ne cesse de brandir l’argument du monde rural, il convient d’observer que c’est la gauche qui, à chaque occasion, a été à l’initiative de toutes les grandes réformes de décentralisation.
La réforme aujourd’hui en discussion propose-t-elle de franchir une nouvelle étape d’appropriation par les citoyens de leurs territoires. Opposer les métropoles aux villages de nos campagnes n’a aucun sens. Précisément, en poursuivant une politique de décentralisation des grands centres de décision de notre avenir commun, la gauche renforce tous les territoires, en permettant aux grandes villes de nos régions et départements, d’être les locomotives du développement territorial.
Ce rôle d’aménagement n’est évidemment pas dévolu à un seul échelon de collectivité. La simplification, en la matière, est l’ennemi du bien. Ainsi, les départements contribuent-ils fortement à l’équilibre de nos territoires et à la solidarité entre les personnes qui y vivent.
En Ille et Vilaine, nous menons des politiques volontaristes pour garantir un aménagement équilibré afin de permettre à tous les territoires de se développer et à tous les habitants du département d’accéder aux mêmes droits. Ainsi, nous avons décidé de déconcentrer les services du département en créant 7 agences départementales pour répondre au mieux aux préoccupations des territoires. Nous avons également été les premiers à mettre en place des contrats de territoire qui permettent de soutenir les projets portés par les communautés de commune d’Ille et Vilaine. Nous favorisons un développement partagé du département par le financement de l’habitat en zone périurbaine et rurale et en soutenant les projets d’équipements et de services indispensables à l’accueil de ces nouvelles populations (rénovation et construction de collèges, soutien aux structures d’accueil des enfants, développement de la culture pour tous avec le déploiement d’intervenants musique …). En investissant, malgré la crise, des dizaines de millions d’euros chaque année pour nos infrastructures routières, nous favorisons les échanges entre nos territoires et leur accessibilité.
Considérant l’importance de la mobilisation de toutes et tous pour l’aménagement de notre département, nous avons pris l’initiative d’installer une commission dite « bouclier rural » qui a réuni tous les grands opérateurs publics et privés afin d’élaborer une stratégie de préservation de l’accès aux services dans tous les territoires d’Ille et Vilaine.
Les progrès techniques, qu’ils s’agissent des transports ou de la communication, le renforcement de notre démocratie locale et l’importance accordée aux politiques d’aménagement du territoire participent ainsi des grandes mutations territoriales qui invalident les hypothèses de confrontation du rural et de l’urbain.
Le retour aux circuits courts (développement des Amap, création d’une monnaie solidaire départementale), la création de nombreux jardins partagés dans nos villes ou encore l’augmentation de la population dans la plupart de nos communes en Ille et Vilaine, attestent de cette interconnexion et de cette identité mêlée.
La politique que nous menons à gauche, au gouvernement comme au département, s’appuie sur ces mutations et propose des solutions concrètes : plus de pouvoir aux citoyens pour décider des politiques locales, plus de solidarité entre les territoires, plus de temps libéré pour y vivre, tout simplement.